Malgré une année 2020 remplie d’incertitudes et d’imprévues, les missions spatiales n’ont cessé de se multiplier, à l’instar de la mission japonaise Hayabusa-2, des nombreux lancements de SpaceX ou du succès lunéaire du Chang’e 5 Chinois.
L’effervescence dont est sujet le domaine spatial ces dernières années explique comment les industriels et les agences maintiennent un tel rythme de lancement durant une période de crise sanitaire. Cette frénésie est la conséquence directe de la révolution des activités spatiales des dernières années, une révolution dont les impacts se traduiront de manière concrète dans la décennie à venir.
Pour la Bank of America, d’ici 2030 le marché de l’industrie spatiale triplera pour atteindre 1,4 trillions de dollars. Malgré la crise sanitaire qui a frappé de plein fouet les entreprises du secteur, les investissements et les innovations vont permettre à l’économie spatiale de se développer d’une manière spectaculaire.
La mise en service effective et globale des méga-constellations de satellites sera sans conteste une révolution dans le secteur de l’industrie spatiale et contribuera à ce bond économique. En effet, l’utilisation de ce servies d’accès à Internet par un grand nombre de personnes permettra aux industriels de constater la viabilité de son modèle économique et attirera de plus en plus les investisseurs.
L’apparition de petits ou nano-satellites et des entreprises spécialisées uniquement dans ce domaine va permettre de réduire considérablement les coûts de lancements. Ainsi, l’accès à l’espace sera bien plus démocratisé et ne sera plus réservé aux géants du domaine. Cela aura pour conséquence de réduire les coûts dans toute la chaîne de production de satellites ainsi que de lancement.
Du côté de la chaîne de production, l’évolution est déjà en place et va se poursuivre ainsi. Les agences spatiales ne seront plus forcément omniprésents et les entreprises privées seront les acteurs de premiers plans dans toute la chaîne industrielle.
Le contexte institutionnel de cette mutation de l’industrie spatiale est tout aussi important à prendre en compte. En effet, l’effervescence est rapidement contrastée par la crise de gouvernance institutionnelle et internationale des activités spatiales. Si le Bureau des affaires spatiales des Nations unies est une organisation de l’Assemblée générale des Nations unies chargée des questions liées à l’espace, celle-ci s’avère insuffisante à répondre aux défis internationaux qui se posent au domaine spatial. Cette absence de gouvernance internationale des activités spatiales pourrait être résolue de deux manières. D’abord, l’arrivée de Joe Biden devrait permettre aux Etats-Unis de revenir à une diplomatie plus traditionnelle et pourquoi pas permettre la création d’une organisation spatiale civile internationale. De plus, les accords Artémis, qui vont permettre une relecture du Traité de l’Espace de 1967, pourraient devenir parfaitement effectifs et efficaces s’ils sont adoptés par un grand nombre de pays. Cela pourrait ainsi conduire à la création d’une loi sur le marché spatial pour réglementer cette industrie si évolutive.
Le traitement des données spatiales :
La quantité des données spatiales ne va cesser d’augmenter au cours des années à venir, ceci sera la conséquence de la multiplication des lancements rendue possible grâce à des petits satellites ou nano satellites. La nécessité de traitement et d’utilisation de ces données donnera obligatoirement naissance à des services commerciaux qui s’y affaireront.
Ces données, fournies par des satellites, seront évidemment de grande quantité et surtout de grande qualité, ce qui va obligatoirement engendrer des méfiances de la part du public, mais aussi des Etats. Des questions de sécurité et de cybersécurité vont se poser concernant les données que les satellites s’échangent dans l’espace. Puis bien évidemment des questions de souveraineté et de protection de la vie privée vont aussi émerger. En effet, avec la multiplication de satellites tournant autour de la terre des questions se posent. Dans quelle limite un satellite peut-il collecter des informations à propos des activités terrestres ? Comment-vont se dérouler le stockage et l’échange de ces données ? Qui sera responsable de ces traitements ? Dans quelles limites peuvent-elles être utilisées à des fins scientifiques ou commerciales ?
Néanmoins, si des questions d’ordres juridiques et réglementaires se posent, cela ne va pas dissuader les industriels à investir massivement dans ce domaine au vu de l’importance de ces flux de big data. Le secteur militaire de part le monde reste toujours à la recherche de données d’imagerie spatiale, ce qui devrait contribuer massivement à l’évolution de cette industrie.
Les bons taux de succès des lancements et de fonctionnement des satellites engendreront obligatoirement une plus grande implication des assureurs dans cette industrie. Ainsi, une évolution du domaine des assurances spatiales est prévisible afin de s’adapter au mieux aux nouvelles demandes et besoins des acteurs spatiales.
Toutes ces évolutions dans l’industrie spatiales devront faire route commune avec les services plus traditionnels et se compléter les uns les autres. Ainsi, la 5G et le service internet fournis par les constellations de satellites vont fonctionner de manière complémentaire et non pas comme des concurrents.
L’industrie spatiale devrait aussi prendre part dans le développement des véhicules autonomes. Ainsi des nombreux investissements sont à prévoir du côté des constructeurs automobiles et pourquoi pas des alliances avec des acteurs du secteur spatial.
Le cadre juridique de ces évolutions :
Le cadre juridique des activités spatiales devra aussi inévitablement évoluer. Car si le secteur spatial peut créer une deuxième révolution industrielle, celle-ci engendrera sans nul doute des problématiques juridiques qui devront être réglés pour permettra à cette industrie de se développer de la manière le plus cohérent possible. Une coopération internationale devrait donc permettre de donner un cadre juridique stable à la question des débris spatiaux, mais aussi à la réglementation générale des activités spatiales.
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